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PARIS : UNE STREET-MÉDIC CONDAMNÉE A 10 MOIS DE PRISON FERME

juin 2, 2022

Le 1er mai dernier lors de la manifestation parisienne, une street-médic avait tenté de se saisir de la lance à incendie d’un pompier pour l’empêcher d’éteindre un feu de poubelle. Elle lui avait asséné un léger coup sur son casque de protection au passage. Mais pas de quoi faire de cette femme une ennemie d’État. Pourtant, la vidéo de la scène était devenue virale. Les images avaient rapidement tourné en boucle sur les chaînes infos. La manifestante était devenue la cible d’une déferlante médiatique haineuse. Éditorialistes, chroniqueurs, syndicats policiers, ministres : tous s’étaient empressés de condamner les actes dont les pompiers avaient été victimes.

En vérité, l’affaire montée en épingle par les médias dominants a servi à camoufler les vraies violences qui avait eu lieu ce jour là, celles des policiers sur le cortège parisien. Début 2020, quand Macron et son gouvernement envoyaient la police massacrer les mobilisations de pompiers, les courtisans des plateaux télévisés et les macronistes forcenés étaient restés muets, silencieux. Alors que les forces de l’ordre avaient mutilé et blessé grièvement plusieurs soldats du feu. Une nouvelle illustration de l’indignation à géométrie variable qui règne dans le pays.

Après le tribunal médiatique, le tribunal judiciaire : la femme de 38 ans avait donc été interpellée et placée 48h en garde à vue. Elle était appelée ce 1er Juin 2022 à comparaître. Et le procès va se dérouler sans l’accusée, absente, et ce malgré la demande de renvoi formulé par ses avocates qui finiront par quitter la salle d’audience. La défense n’a pu rencontrer ni la street-médic, ni préparer le procès. Peu importe pour les juges, le report est refusé. Il s’agit de faire de la manifestante un exemple. Elle devient l’incarnation du mal, baignant dans une « culture de la violence », qui s’en prend aux représentants de l’ordre. Sans ses conseils pour la représenter, la justice va être expéditive. Le parquet va requérir « 8 mois d’emprisonnement et une peine complémentaire d’un an d’interdiction de participer à une manifestation. » Une peine requise extrêmement lourde à la vue des faits reprochés. Mais le tribunal va décider d’aller encore plus loin que les réquisitions du procureur. Les juges vont la condamner « à 10 mois de prison ferme, un an d’interdiction de participation aux manifestations, et 700 euros à verser au pompier pour préjudice moral. »

Justice de classe et décision arbitraire, cette affaire est un véritable scandale. Elle met en exergue la répression politique et la guerre d’usure que mène l’État aux mouvements sociaux. Dans le même temps, les voyous en uniforme et autres agents assermentés radicalisés qui commettent des violences sont eux systématiquement protégés par les magistrats. Un deux poids, deux mesures, insupportable.