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NANTES : PREMIER MAI CRÉPITANT

mai 1, 2022

6 000 personnes dans les rues, deux cortèges, beaucoup de colère


Macron a été réélu dimanche dernier. 4 personnes ont déjà été tuées par la police depuis. Des ministres ont promis d’imposer la casse des retraites par 49.3. L’extrême droite monopolise à nouveau toutes les chaînes de télé et commet des violences dans la rue. Et le pouvoir nous promet 5 ans d’enfer, faits d’attaques néolibérales et liberticides.

Dans ce contexte, le 1er Mai résonne de façon particulière : c’est le coup d’envoi du quinquennat. Le premier épisode de la saison 2. À Nantes l’appel est lancé par les directions syndicales à 10h30, dans une ville sans transports en commun et quasiment déserte, car la date tombe un dimanche.

Malgré cela, sous le soleil, des milliers de personnes se rejoignent devant la Préfecture. On retrouve le désormais classique char du collectif «En Marx», beaucoup de banderoles, des confettis, des personnes de tous âges. Le parcours officiel prévoit d’éviter l’hyper-centre et de filer vers l’île de Nantes. Un traquenard. Quand le cortège s’élance, des fumigènes colorent le ciel derrière une ligne de banderoles qui forme un cortège de tête. Le camion de la CGT tente de passer. Finalement, la manifestation se scinde en deux. C’est sans doute le meilleur compromis : deux défilés, deux ambiances, il en faut pour tous les goûts et cela évite de reproduire les dissensions de l’année passée entre les composantes de la manifestation.

Dans le cortège déterminé, avec beaucoup de jeunes, il y a de la colère. Il est insupportable d’imaginer subir cinq années supplémentaires de néolibéralisme autoritaire sans se faire entendre. Des tags apparaissent, notamment pour rappeler qu’à l’origine, le 1er Mai est une émeute ouvrière. Un tambour donne du rythme, alors que plus loin un orchestre joue de la musique. Il y a des chants. Quelques vitrines d’agences immobilières et de spéculateurs tombent. Place Bretagne, le cortège hésite. Des motards de la police sont chahutés. Un affrontement éclate avenue Jean Jaurès où la police barre l’accès. Pluie de grenades lacrymogènes contre tonnerre de feux d’artifices. Pendant ce temps, les vitres du Go Sport volent en éclat, et des vélos sont sortis. Une ligne de policiers charge de l’autre côté de la Place. Repli.

Le cortège s’engage à nouveau en direction de l’hôtel de luxe de la Place Aristide Briand, au cœur des quartiers privilégiés. La confrontation est intense, et dure de longues minutes. D’autres unités arrivent en renfort, nouveau repli vers la Place Talensac, où à lieu le traditionnel marché hebdomadaire, cossu, de la ville. Les forces de l’ordre tirent à nouveau de grandes quantités de grenades. Le marché est noyé dans les gaz, les terrasses évacuées. La clientèle, plutôt privilégiée, est choquée. Le sol est couvert de restes de munitions policières et de pavés.

Le cortège est en plusieurs morceaux. Il finira par se reformer près de la préfecture, pour se diriger vers la croisée des lignes de tramways. Départ vers l’île de Nantes, à plusieurs centaines, sous forte escorte. L’ambiance retrouve sa tonalité festive, dynamique, avec beaucoup de slogans mais pas de bloc offensif. Pendant ce temps, le cortège syndical a rejoint la Maison des syndicats où a lieu un concert et un pique-nique.

Le long du CHU, la BAC tente une provocation en contrôlant brutalement quatre personnes, et mettent en joue la foule qui proteste. Finalement, la manifestation s’achève devant la Maison des Syndicats, par la jonction des deux parties de la manifestation, autour de quelques verres. C’est la fin d’un 1er Mai crépitant, déterminé et indocile. C’est le début d’un quinquennat qui promet d’être agité et nécessite, pour les forces sociales, de faire bloc et d’organiser la résistance.


? : Marion Lopez, James Coco, Salom Gomis, Presse locale, NR