Nantes Révoltée

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? PROCÈS DU CRIME FASCISTE DE NANTES : UN AVOCAT D’EXTRÊME DROITE S’EN PREND À NANTES RÉVOLTÉE

mars 22, 2022

La meilleure défense, c’est l’attaque. Depuis lundi 21 mars, le procès d’un groupe de néo-nazis qui ont voulu tuer deux adolescents à Nantes, le soir de l’élection d’Emmanuel Macron en 2017, a lieu en Cour d’Assises. Pour justifier ces tentatives de meurtres, la défense tente de minimiser leur idéologie d’une part et de diaboliser les victimes d’autre part.

Joyce Burkart, François Mamès Cosseron de Villenoisy, Antoine Desbas, Matthieu Gaultier de la Richerie. Ils sont dans le box des accusés. Certains ont des noms à particule, et sont issus de très bonnes familles, imprégnées par les idées d’extrême droite. Pourtant, à la barre, tous prétendent qu’il ne font «plus de militantisme». Le plus âgé se décrit comme un paisible père de famille «proche de la nature». Un autre ose même «je n’ai plus rien à voir à l’extrême droite» alors qu’il n’a jamais cessé de commettre des actes racistes. Dans leur scénario, la bande du GUD aurait eu un «coup de sang» irraisonné, après s’être sentis «agressés» le soir des élections, mais n’aurait plus aucun lien avec le milieu depuis. Voilà pour l’inversion victimaire.

Mais il y a aussi une stratégie d’attaque. Celui qui est présenté comme le «chef» de la meute se nomme Joyce Burkart. Et son avocat semble obsédé par Nantes Révoltée. À l’audience, il demande a l’une des victimes : «Vous avez dit avoir eu connaissance de la manifestation [qui avait lieu ce soir là] par Nantes Révoltée, groupe depuis dissout par le gouvernement à cause de sa violence il me semble ?» Il poursuit : «Vous aviez connaissance de la position politique de ce groupe ?» Réponse : «pas au moment des faits». L’avocat conclut : «Suivre un groupe comme Nantes Révoltée c’est quand même très politisé». En dehors de l’audience, le même avocat insiste auprès d’une journaliste de France 3 : les victimes «suivaient» Nantes Révoltée. Comme s’il s’agissait d’un élément qui les rendait coupables de leurs blessures. Si l’on suit cette logique, les centaines de milliers de lecteurs et lectrices de notre média mériteraient donc d’être tuées par l’extrême droite ? Inversion accusatoire abjecte.

Militant Fasciste

Mais qui est donc cet avocat ? Avant tout un militant néofasciste. Il s’appelle Pierre Marie Bonneau. C’est un avocat toulousain connu, qui défend fréquemment l’extrême droite la plus radicale : celle qui assume un penchant collaborationniste, néo-nazi ou antisémite. France Info révèle que l’avocat surnommé «Pilou», d’après un de ses amis, «agrémente ses dîners avec des discours d’Hitler». Dès la fac de Droit, Bonneau militait du côté des néofascistes. Au moment de la Manif Pour Tous, il défile à Paris derrière une banderole des «Jeunesses Nationalistes», groupe dissout après le meurtre de Clément Méric. Le 10 octobre 2021, Pierre-Marie Bonneau manifeste dans un cimetière de Toulouse avec une organisation pétainiste pour «rendre hommage» à Pierre Lespinasse, ancien magistrat toulousain sous Vichy, à la tête d’une section spéciale qui a envoyé à la mort des résistants. À cette occasion, un journaliste raconte que «Pierre-Marie Bonneau, aux côtés de l’ancien dirigeant de l’Œuvre Française, Yvan Bénedetti, s’inclinent devant le caveau de Pierre Lespinasse, serviteur de Pétain, tué en 1943». Voilà pour le militantisme.

Défenseur des pires antisémites

Et sur le terrain judiciaire ? Pierre-Marie Bonneau a assuré la défense du célèbre négationniste Robert Faurisson mais aussi de l’antisémite Alain Soral. En 2021 il défend, à Saint-Nazaire, un homme de 20 ans poursuivi pour avoir financé un site ouvertement nazi. En 2018 ses clients sont les anciens chefs de deux mouvements pétainistes interdits, l’Œuvre Française et Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, qui comparaissaient pour «reconstitution de ligues dissoutes». Il anime également régulièrement des conférences dans des cercles d’extrême droite pour conseiller les militants «face à la répression» et travaille avec le CLAN – «Communauté de liaison et d’aide aux nationalistes». Il poussera le mélange des genres jusqu’à poser, en soirée, auprès de militants identitaires et des «Jeunesses Nationalistes» faisant des saluts nazis. Une telle apologie est-elle autorisée par le barreau ?

C’est donc un avocat marqué idéologiquement qui s’implique dans le procès des violences fasciste à Nantes. Un avocat nostalgique du Régime de Vichy et de totalitarismes génocidaires. Et c’est donc cet individu qui insinue que ce sont les antifascistes qui seraient dangereux, et prétend faire peur en parlant de Nantes Révoltée ? Ces prochains jours, il y a fort à parier que les plaidoiries se concentreront sur la diabolisation de la gauche nantaise, et tenteront de mettre sur le même plan les mobilisations sociales et les attaques d’extrême droite. Ce gouvernement autoritaire nourrit les arguments des défenseurs de néo-nazis, et inversement.

Le procès se poursuit mercredi avec l’examen des faits, jeudi le début des plaidoiries, vendredi le réquisitoire du procureur et la suite des plaidoiries, puis le verdict.

Notre article sur l’affaire : https://nantes-revoltee.com/%f0%9f%94%b4-il-y-a-5-ans-des-neo-nazis-essayaient-de-tuer-deux-adolescents-le-proces-commence-ce-lundi/